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Premier auteur : P. Mertz

Revue: Rheumatology



Peut-on utiliser le tocilizumab dans la fièvre Méditerranéenne Familiale?

Résumé:

Introduction:

La Fièvre Méditerranéenne Familiale (FMF) est la maladie autoinflammatoire monogénique la plus fréquente, caractérisée par des épisodes récurrents de fièvre et d'inflammation des séreuses. Bien que la colchicine soit le traitement de première intention, environ 10 % des patients atteints de FMF n'y répondent pas, nécessitant le recours à des thérapies alternatives. Les traitements biologiques, tels que les inhibiteurs de l’IL-1β, du TNF-α et de l’IL-6, ont été envisagés.


Cependant, l'accessibilité et le coût des inhibiteurs de l’IL-1β peuvent limiter leur utilisation dans certaines régions. Le tocilizumab (TCZ), un inhibiteur du récepteur de l’IL-6, offre une alternative, mais son efficacité dans la FMF reste peu documentée.


Résultats:

Après sélection, 14 articles ont été inclus : deux essais contrôlés randomisés (ECR) en double aveugle, deux études rétrospectives et dix études de cas. Les ECR multicentriques en double aveugle ont rapporté des résultats mitigés chez les patients FMF sans amylose AA, en raison de l'hétérogénéité génétique et des classifications des études disponibles, de possibles erreurs de diagnostic de FMF et de la conception des études. Les études rétrospectives suggèrent que le TCZ pourrait bénéficier aux patients FMF atteints d’une amylose AA rénale avérée, en aidant à prévenir la progression et à mieux gérer les poussées. Le TCZ a montré un profil de sécurité satisfaisant sans événements indésirables spécifiques, mais les données sur son utilisation pendant la grossesse ou l’allaitement sont inexistantes. Aucune donnée n'est disponible sur l'utilisation du TCZ chez les enfants atteints de FMF.


Conclusion:

Cette revue synthétise l’état actuel des recherches sur l'efficacité et la sécurité du TCZ dans la FMF. Bien que les inhibiteurs de l'IL-1β restent le choix prioritaire pour les patients FMF résistants ou intolérants à la colchicine, le TCZ pourrait représenter une option intéressante pour certains patients sélectionnés, notamment ceux atteints d’amylose AA avérée et résistants à la colchicine ainsi qu’aux inhibiteurs de l’interleukine 1.




Premier auteur: François Rodrigues et al.



Caractéristiques de la fièvre méditerranéenne familiale après 65 ans

              La Fièvre Méditerranéenne Familiale (FMF) est une maladie autosomique récessive due à des mutations de MEFV et caractérisée par des poussées fébriles récurrentes. L'histoire naturelle de la maladie, à début pédiatrique et dont la mortalité était élevée au siècle dernier, n'est pas connue chez le sujet de plus de 65 ans.


              Cette étude rétrospective a repris les dossiers de 59 patients atteints de FMF et suivis à l'hôpital Tenon (Paris, France), soit 9% du total des patients suivis pour FMF. L'âge médian était de 73 ans. Si tous les patients étaient traités par colchicine, la population étudiée, née dans les années 1940-1950, avait eu un diagnostic tardif (âge médian 28 ans) et une initiation retardée de la colchicine (35 ans, année médiane d'introduction 1980). 73% des patients avaient une CRP intercritique élevée sous colchicine, et 37% ont dû recevoir un inhibiteur de l'inteleukine-1, avec une bonne tolérance. La prévalence de l'amylose AA était de 10%. Les comorbidités les plus fréquentes étaient cardiovasculaires (59% des patients) et d'une façon inattendue, hépatiques (37%), avec une fréquence élevée de cirrhoses (27%) non alcooliques, non virales et sans diabète associé, suggérant un lien avec la FMF. Neuf patients (15%) étaient décédés au moment du recueil, deux à cause de complications de la FMF, deux suite à des cirrhoses hépatiques, et cinq en lien avec des infections.


              En conclusion, l'étude indique que la FMF peut rester active après 65 ans, motivant un suivi spécialisé à vie avec surveillance de la CRP entre les crises ainsi que la prescription d'une biothérapie en cas de contrôle insatisfaisant de la maladie.




Premier auteur : SOTSKIY P

Revue: Clin Exp Rheum

Reference: Clin Exp Rheumatol. 2024 Sep 19. doi: 10.55563/clinexprheumatol/9yc77f. Online ahead of print.PMID: 39360377


Troubles de la reproduction chez les patients avec fièvre méditerranéenne familiale homozygote et hétérozygote comparés à des témoins

Introduction :


La fièvre méditerranéenne familiale (FMF) est la plus fréquente des maladies autoinflammatoires monogéniques au monde. Des études antérieures ont montré une corrélation claire entre le génotype des patients et la gravité clinique de la FMF. Cependant, aucune étude spécifique n'a cherché une corrélation directe entre le génotype du patient et l'appareil reproducteur.

  • Cette étude visait à comparer les troubles de la reproduction chez les patientes ayant une FMF homozygote et hétérozygote par rapport à des témoins sains.


La FMF peut s’accompagner d’anomalies de la fonction reproductive des femmes par les mécanismes suivants :

-péritonite aiguë qui peut entraîner des adhérences péritonéales et une obstruction des trompes de Fallope conduisant à une infertilité mécanique.

-péritonite survenant au cours d'une crise aiguë de FMF chez une femme enceinte peut provoquer des contractions utérines et une fausse couche ou un accouchement prématuré.

-l'amylose inflammatoire peut théoriquement épaissir les ovules, ce qui entraîne des difficultés de pénétration des spermatozoïdes.


Patients et méthodes :


L’étude a porté sur 249 femmes présentant des troubles de la reproduction dans un centre de gynécologie du Centre national de génétique médicale et de soins de santé primaires d'Erevan, en Arménie. Le diagnostic de FMF a été confirmé en utilisant les critères de Tel-Hashomer en plus de l'analyse génétique des 12 mutations MEFV les plus courantes : E148Q, P369S, F479L, M680I (G/C), M680I (G/A), I692del, M694V, M694I, K695R, V726A, A744S, R761H. Un score de sévérité a été calculé pour chaque patient FMF.

Les femmes ont été réparties en trois groupes :

Groupe 1 : 40 femmes FMF avec deux mutations MEFV identiques (homozygotes).

Groupe 2 : 47 femmes FMF avec un seul variant MEFV (hétérozygotes).

Groupe 3 : un groupe témoin de femmes présentant des problèmes de reproduction mais aucune autre maladie systémique, en particulier la FMF.

Tous les patientes ont été recrutés, ont donné leur consentement éclairé et ont été et examinées dans la même clinique de gynécologie pour des problèmes de reproduction. Les problèmes de reproduction évalués comprenaient les dysfonctionnements menstruels, l'infertilité primaire et secondaire, l'hyperplasie endométriale, les fausses couches spontanées, les grossesses extra-utérines et les accouchements prématurés.

Résultats :

Les patientes homozygotes présentaient, comme attendu, une FMF plus sévère, le génotype M694V/ M694V ayant été trouvé chez 75 % de ces patients, suivi par M680I/M680I et V726A/ V726A. Les génotypes les plus courants chez les patients hétérozygotes étaient M694V/-, M680I/-, V726A/- et E148Q/-.

L'infertilité primaire était significativement plus élevée chez les homozygotes (79,4%) que chez les hétérozygotes (38,5%). La principale cause d'infertilité chez les patients atteints de FMF était tubo-péritonéale. Les adhérences dans les régions pelviennes, péritubaires et péri-ovariennes étaient plus fréquentes chez les patients atteints de FMF que chez les témoins. La stérilité était 1,54 fois plus fréquente chez les homozygotes que chez les hétérozygotes et les témoins.

Les causes d'infertilité dans le groupe témoin comprenaient l'endométriose, les fibromes utérins et l'endométriose.

Les patientes FMF homozygotes avaient un taux plus élevé de fausses couches spontanées et un taux de grossesse plus faible que les hétérozygotes.

Les taux de naissances vivantes étaient plus élevés chez les hétérozygotes.

La non-observance ou le traitement inadéquat à la colchicine était associé à des taux d'infertilité plus élevés, 38,2% des homozygotes et 84,6% des hétérozygotes ayant reçu un traitement insuffisant.

L'utilisation retardée de la colchicine en raison d'un diagnostic tardif de la FMF ou d'une utilisation irrégulière a également contribué aux problèmes d'infertilité

En conclusion, la gravité de la FMF, le génotype, et l'observance du traitement à la colchicine, ont un impact sur les résultats de la grossesse et la santé reproductive.


En pratique, cette étude souligne la nécessité d'améliorer l'éducation des patients sur l'observance stricte du traitement à la colchicine.



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